Joseph-Marie JACQUARD - 1752 - 1834
Le premier ordinateur était un métier à tisser !

Vers 1790 l'industrie textile rencontre un grave problème, ses clients veulent plus de tissus et de plus en plus compliqués et colorés, des tissus représentant des fleurs, des oiseaux et même des portraits ! Or en 7 000 ans les métiers à tisser n'ont que peu évolué et les tissus se ressemblent tous. Il faut en effet les teindre, les imprimer ou les broder pour les embellir. Un procédé long, coûteux, peu efficace, bref archaïque !

Le métier de Jacquard est presque un ordinateur ou plutôt un automate programmable. Les mots utilisés pour le décrire est celui de l'informatique moderne. Il lui manque seulement une source d'énergie mécanique.
Dès 1825 les Anglais ont adapté la machine à vapeur inventée par James Watt, et, en 1890, l'Américain Hermann Hollerith s'inspirera des cartes perforées de Jacquard pour mettre au point les premières cal-

Né à Lyon en 1752, Joseph-Marie Jacquard va trouver la solution. Son père tient une petite fabrique de soierie dans laquelle toute la famille travaille. Enfant, Joseph doit se glisser sous le métier pour guider le passage de la navette entre les fils de la trame afin de dessiner le motif. L'histoire raconte qu'il trouvait cela particulièrement ennuyeux et pénible, sans compter les corrections que lui valait les erreurs.
Il a 20 ans quand il hérite de l'atelier. Pendant 30 ans il cherche à mécaniser le travail et manque de se ruiner dans l'aventure. Il remarque que le tissage de motif complexe est un travail difficile mais très répétitif, et finit par comprendre qu'on peut le programmer, même si le mot n'existe pas encore.

culatrices numériques. - Au fait cet Hollerith en question est le fondateur de la société IBM !
Pour en revenir à Jacquard, il n'aurait rien tiré de son invention sans l'intervention de Napoléon Ier, qui lui accorda une pension, la légion d'honneur et sa protection, ce qui était loin d'être inutile sachant que la machine de Jacquard inquiètait beaucoup les ouvriers de la soierie lyonnaise, les canuts. On craignait le chômage et la baisse des salaires : il suffit, avec la machine, d'un ouvrier peu qualifié au lieu de cinq , la journée de travail est plus longue, la machine n'ayant pas besoin de voir ce qu'elle fait, l'ouvrier devant en revanche lancer, tirer, pousser encore plus longtemps.
Sa première idée de génie est d'utiliser des cartes perforées en bois pour inscrire son programme : les cartes passent sous un ensemble de tiges métalliques (fiches), soit la tige ne rencontre pas de trou (zéro), il ne se passe rien, soit il y a un trou la tige passe au travers et sépare le fil de trame auquel elle est reliée des autres fils afin de faire passer la navette au bon endroit. Exactement le travail que Joseph-Marie enfant détestait tant !
Le programme est constitué par la pile de cartes enchaînées les unes aux autres, la dernière étant rattachée avec la première de sorte à le boucler. Tisser un motif revient donc faire tourner le programme.
On redoutait également la disparition des petits artisans : la machine coûtait cher à fabriquer et à entretenir, seul les gros industriels peuvaient donc se l'offrir - des problèmes en quelque sorte on ne peut plus contemporains !
A Lyon en 1806, une machine de Jacquard est publiquement fracassée et brûlée sur la place des exécutions. Jacquard lui-même est roué de coups et la police le sauve de justesse de la noyade dans le Rhône.
A sa mort en 1834, 3 000 métiers de son invention fonctionnent à Lyon, mais entre temps les canuts se sont à nouveaux révoltés en 1832 contre la baisse des salaires, et cette fois l'armée a tiré.
Sources : Musée Jacquard LYON - Deutsches Museum • 80306 München